Mobilités et rencontres dans les espaces publics urbains à l’âge des médias positionnels
Cet article élabore un cadre analytique qui vise à rendre compte de certaines particularités des mobilités numériques. Il s’agit de saisir l’expérience et de la conduite de sujets en mouvement, et que des applications géolocalisées rendent mutuellement conscients de leurs positions respectives ou de leur proximité. L’argument central est que les applications mobiles qui favorisent ce type de connaissance spatialisée rendent disponibles et pertinentes à leurs utilisateurs deux versions du monde qui les entoure, l’une incarnée, et l’autre médiée par les écrans. L’expérience utilisateur a alors pour enjeu de « déplier » et faire se correspondre ces deux versions du monde au sein d’une expérience intégrée de la situation. Cette perspective sur l’usage situé des applications mobiles géolocalisées est ensuite mise à profit pour réfléchir aux formes de mobilités et de sociabilités urbaines qui pourraient se développer si leurs usages se banalisaient complètement. Je chercherai en particulier à montrer comment les rencontres entre « inconnus pseudonymes » pourraient devenir la norme des côtoiements urbains, en lieu et place de ces rencontres entre inconnus anonymes, qui étaient considérées comme constitutives des espaces publics dans les métropoles post-industrielles du XIXe et du XXe siècle.