La montée des marchés à Cannes

À partir des années 1980, les marchés internationaux de biens audiovisuels (cinéma et télévision) ont connu un essor spectaculaire perçu comme symptomatique d’une mondialisation audiovisuelle en train d’advenir. On propose ici d’appréhender les échanges audiovisuels à partir de ces marchés, en les comparant aux foires, marchés et salons internationaux qui se sont développés dans de nombreux autres secteurs. Or jusque-là, ces évènements internationaux ont été appréhendés à travers trois perspectives dominantes, soit comme des « clusters temporaires », soit comme des lieux de configuration des régulations marchandes, soit comme différents nœuds d’un « système-monde » polycentrique. À partir d’une enquête auprès des professionnels français des exportations audiovisuelles qui fréquentent les marchés internationaux, on propose d’intégrer ces perspectives en les reformulant à travers une approche plus chronologique, celle d’un circuit itinérant de marchés qui sont de plus en plus fréquentés, de plus en plus internationaux et de plus en plus rationalisés et professionnalisés. En outre, ce circuit apparaît moins comme une série de lieux structurellement identiques, mais géographiquement et temporellement distincts, que comme une chronologie stabilisée, au rythme cyclique, avec des séquences incontournables et d’autres, facultatives, qui permettent aux professionnels d’élaborer leurs propres trajets marchands, en fonction de leurs moyens et de pondérations indigènes.