Faire place aux chiffres dans l’attention à soi

Dossier - « Quantified Self »
Une sociologie des pratiques de quantification et d’enregistrement aux différents âges de la vie
Par Éric Dagiral, Séverine Dessajan, Tomas Legon, Olivier Martin, Anne-Sylvie Pharabod, Serge Proulx
Français

Loin d’interroger les usages des self-trackers – ces outils numériques de quantification personnelle – dans la perspective du mouvement californien du Quantified Self, cet article en étudie la cohérence dans le prolongement des techniques ordinaires de l’attention à soi. Sa proposition originale consiste à analyser les pratiques concrètes de quantifications personnelles par le prisme transverse du cycle de vie. Pour cela, il articule une enquête par questionnaire (n=1829) à une grande enquête qualitative (n=105). La première rend compte de la place conséquente des chiffres dans l’attention à soi : selon les classes d’âge, elle analyse les pratiques d’enquêtés qui sont entre 28 % et 43 % à conserver des traces numériques de soi, et dont 14 % à 27 % sont équipés d’un objet connecté de mesure. La seconde fouille l’entrelacement des enjeux qui sont au cœur de ces pratiques et montre que malgré la diversité des contextes individuels, les visées de la quantification de soi évoluent selon l’âge et le cycle de vie. Si la régulation d’une vie instable grâce aux automesures est un objectif répandu chez les plus jeunes, l’exigence de rationalisation des vies professionnelle, domestique et personnelle devient souvent centrale dans les usages de quantification après la naissance des enfants et cède la place, après 50 ans, à un souci de prévention contre les menaces de l’avancée en âge.

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