Une scène n’est qu’un outil marketing
S’appuyant sur une enquête ethnographique par observation et entretien, cet article explore le rôle des sources de revenus complémentaires dans l’économie politique de l’industrie pornographique nord-américaine. Pour de nombreuses actrices de porno, tourner une scène dans un film relève davantage d’une tactique de marketing – visant à valoriser d’autres services plus rémunérateurs – que d’une activité professionnelle principale. Cette tactique permet aux actrices d’exercer un contrôle sur leur vie professionnelle, en tournant à leur avantage un contexte économique qui pourrait sinon les conduire à l’épuisement. Ces sources de revenus complémentaires contribuent cependant à maintenir des salaires peu élevés et à entretenir une armée de réserve de travailleuses enclines à tourner des scènes, y compris pour une faible rémunération et dans de mauvaises conditions. Ces revenus complémentaires placent enfin les travailleuses dans une position ambivalente, où elles se retrouvent à la fois indépendantes, entrepreneuses, managers et productrices. À l’appui d’une analyse féministe marxiste, l’article interroge ainsi la reconfiguration des rapports de classe dans l’industrie pornographique.
- travail numérique
- travail du sexe
- capitalisme tardif
- rapports de classe