Une scène n’est qu’un outil marketing

Dossier : La fabrique médiatique des sexualités
Le travail indépendant des actrices dans l’économie de la pornographie en ligne aux États-Unis
Par Heather Berg, Auriane Destrument, Florian Vörös, Béatrice Damian-Gaillard
Français

S’appuyant sur une enquête ethnographique par observation et entretien, cet article explore le rôle des sources de revenus complémentaires dans l’économie politique de l’industrie pornographique nord-américaine. Pour de nombreuses actrices de porno, tourner une scène dans un film relève davantage d’une tactique de marketing – visant à valoriser d’autres services plus rémunérateurs – que d’une activité professionnelle principale. Cette tactique permet aux actrices d’exercer un contrôle sur leur vie professionnelle, en tournant à leur avantage un contexte économique qui pourrait sinon les conduire à l’épuisement. Ces sources de revenus complémentaires contribuent cependant à maintenir des salaires peu élevés et à entretenir une armée de réserve de travailleuses enclines à tourner des scènes, y compris pour une faible rémunération et dans de mauvaises conditions. Ces revenus complémentaires placent enfin les travailleuses dans une position ambivalente, où elles se retrouvent à la fois indépendantes, entrepreneuses, managers et productrices. À l’appui d’une analyse féministe marxiste, l’article interroge ainsi la reconfiguration des rapports de classe dans l’industrie pornographique.

  • travail numérique
  • travail du sexe
  • capitalisme tardif
  • rapports de classe
Voir l'article sur Cairn.info