La déréglementation de la télévision va-t-elle renforcer la domination d'Hollywood ? Une critique économique d'un raisonnement traditionnel

Par Eli Noam
Français

Résumé

Les adversaires de la libéralisation du marché audiovisuel postulent fréquemment l'existence d'une «loi d'airain» selon laquelle un environnement déréglementé conduirait invariablement à une invasion des écrans par des programmes américains de mauvaise qualité. Cet article démontre que l'existence de cette «loi d'airain» repose sur une analyse économique bancale. En Europe, l'organisation traditionnelle du secteur télévisuel, notamment l'existence de monopoles publics et la constitution d'un monopsone - l'EBU - pour l'achat des programmes, a favorisé l'activité de diffusion au détriment de la production. Cela a nui au développement d'un secteur puissant d'édition de programmes. Au contraire, aux Etats-Unis, un contexte de forte concurrence a conduit l'industrie des programmes à mettre au point des produits de mieux en mieux adaptés aux goûts divers du public. Cela lui a permis de répondre à la demande des diffuseurs européens qui, concurrence oblige, ont de plus en plus besoin de programmes. Si ces derniers achètent massivement les produits américains, c'est parce qu'ils sont de bonne facture et non parce qu'ils sont vendus à des prix de dumping. Le maintien d'un protectionnisme «culturel» en Europe continuera d'empêcher le développement d'une véritable industrie de la production audiovisuelle et aboutira, à terme, à l'inverse des objectifs d'une telle politique.

Voir l'article sur Persée