L'événement dans l'information en direct et en continu. L'exemple de la guerre du Golfe

Par Jocelyne Arcquembourg
Français

Résumé

Adeptes de la « théorie du miroir », bien de journalistes sont persuadés que ni leur présence, ni la médiation qui s'en suit ne changent en quoi que ce soit les faits et le déroulement des événements. Partant des théories de la «construction sociale de la réalité », nous sommes convaincus, au contraire, que les événements sont le produit du discours journalistique qui découpe la réalité, l'ordonne et lui attribue une signification (souvent symbolique). Cette interprétation nous offre des concepts intégrateurs qui peuvent expliciter la mobilisation parfois incompréhensible des médias et de l'opinion publique autour d'« histoires » qui, dans une perspective historique, se révèlent dépourvues de toute importance. Nous croyons que ce point de vue offre un interprétation convaincante des manifestations de la Place de l'Université (Bucarest, 1992) qui ont fait « la une » des médias roumains pendant plus de deux mois. La répétitivité des manifestations aurait dû, selon les définitions journalistiques des nouvelles, apaiser l'intérêt des médias. Or c'est le contraire qui est arrivé. Notre analyse s'efforce de prouver que cette répétitivité, de facture rituelle, a été le déclencheur du discours journalistique et que, grâce à elle, les médias ont construit un Événement, là où en fait rien ne se passait.

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