Dans un dialogue avec les théories produites par les économistes sur les «standards», cet article résolument historien s'intéresse à la façon dont les machines à écrire se sont progressivement standardisées en même temps que les pratiques de la dactylographie se sont uniformisées. Les premiers temps de l'histoire de la dactylographie sont marqués par l'extrême variété des objets et configurations techniques et la rudesse de la concurrence entre marques de machines et dactylographes. Dans ce contexte, la standardisation de la disposition des lettres et signes sur le clavier n'est qu'un des aspects d'une compétition humaine et technique qui se joue sur de nombreux autres facteurs. L'uniformisation progressive de la pratique dactylographique s'organise autour de la technique des « dix doigts », de la remémoration du clavier, de nouvelles postures corporelles. Elle témoigne de nouvelles exigences et conditionne la constitution de la profession.