Musique et technologies numériques

Musique et technologies numériques
n° 172, 2012/2 - 270 pages

La « révolution numérique » a, dans le champ culturel en général et musical en particulier, essentiellement donné lieu à des travaux qui envisagent d'une part la portée économique et les conséquences juridiques de la mise en ligne des contenus et d'autre part le renouvellement des formes de sociabilité et d'interactions entre les musiciens et leurs publics : l'émergence de nouveaux modèles de création de la valeur ou de nouvelles modalités de l'expertise ou de la prescription, le renouvellement des mécanismes de construction de la réputation et de la visibilité ont notamment constitué l'épicentre de ces travaux. A contrario, il est frappant que le cœur même de l'activité musicale - c'est à dire, répéter, se produire, enregistrer, utiliser des instruments, et dans une moindre mesure se promouvoir -, ait été en grande partie délaissé. Tout se passe comme si l'être-concret du musicien était absent des analyses sur la musique digitale. Or, on peut penser que l'émergence d'un instrumentarium numérique (sampleur, Digital Audio Workstations, synthés et effets virtuels, etc...) et le développement de nombreuses ressources sur internet (tutoriels, sites de recommandation, sites de mix ou de mastering on line...) n'ont pas été sans conséquences sur l'ensemble des pratiques constitutives de l'activité musicale : on peut notamment se demander si la baisse significative du coût des équipements, de nouvelles modalités d'apprentissage, l'apparition d'une lutherie numérique, la possibilité de contrôler toutes les étapes créatives (de l'enregistrement à la diffusion), n'ont pas fait baisser les coûts d'entrée dans l'activité, mais aussi modifié l'idée même de carrière, en affranchissant le musicien de ces gate keepers traditionnels que sont les studios d'enregistrement, la maison de disques ou la presse et les médias spécialisés. Centré sur les aspects concrets de la pratique musicale en régime numérique, ce numéro de Réseaux s'intéresse aux éléments constitutifs d'une ontologie digitale, à une histoire du passage de l'analogique au numérique, à la transformation des métiers et de pratiques, à la production de nouvelles esthétiques, à l'émergence de nouveaux systèmes de représentations et de nouvelles controverses autour des avantages et des inconvénients de la dématérialisation.

Dossier coordonné par Philippe Le Guern

Dossier : Musique et technologies numériques

Varia

Notes de lecture

Pages 241 à 257