Du squat au marché public

Par Manon Dumont, Elsa Vivant
Français

Comment un collectif d’artistes-squatters se retrouve-il en charge de la gestion d’un ancien squat d’artistes dans le cadre d’un marché public de prestation de services ? Cette intrigue initiale forme la trame de cet article. L’occupation et la gestion de lieu artistique par des collectifs d’artistes off est devenue à la fois une modalité de gestion des espaces vacants et de soutien à la création artistique, qui contribue à la professionnalisation des opérateurs de lieux off. À travers l’histoire du collectif AlphArt, nous allons retracer la trajectoire de professionnalisation de ces opérateurs, trajectoire qui se comprend en croisant les intérêts et contraintes des artistes eux-mêmes, des municipalités et des propriétaires des lieux qu’ils occupent. Cette histoire révèle les étapes de la professionnalisation auxquels les collectifs sont confrontés, les apprentissages sous-jacents et les conflits qu’ils provoquent. Le déploiement d’une carrière de gestionnaire de lieu off suit une trajectoire qui s’ébauche lors de la formation, de l’organisation et de la structuration du collectif. Elle s’éprouve ensuite dans l’occupation d’un lieu, se publicise et s’expose dans la négociation avec les propriétaires, et se questionne dans la mise en concurrence. Elle se construit par des épreuves qui constituent les étapes d’une carrière d’opérateur de lieu artistique off qui, partant d’une pratique considérée comme déviante, déploie une posture de professionnel aux compétences spécifiques, interlocuteur fiable des pouvoirs publics.