Quand prédire, c’est gérer

Par Bilel Benbouzid
Français

Dans cet article, nous rentrons dans les détails du contenu des applications numériques de la police prédictive. Les machines prédictives sont des technologies morales de gouvernement. Elles servent non seulement à prédire où et quand les crimes sont susceptibles d’avoir lieu, mais aussi à réguler le travail de la police. Elles calculent des rapports d’équivalence, en distribuant de la sécurité sur le territoire, selon de multiples critères de coûts et de justice sociale. En retraçant les origines de la police prédictive dans le système du Compstat, nous observons le passage de machines à explorer des intuitions (le policier garde la main sur la machine) à des applications qui font disparaître la dimension réflexive de la proactivité, faisant de la prédiction le support de métriques de « dosage » de la quantité du travail de la police. Nous voyons enfin comment sous l’effet d’un mouvement critique dénonçant les biais discriminatoires des machines prédictives, les développeurs imaginent les techniques d’audit des données des bases d’apprentissage et les calculs de la quantité raisonnable de contrôle policier dans la population.

Mots-clés

  • compstat
  • police prédictive
  • prédiction du crime
  • cartographie du crime
  • sociologie des algorithmes
  • sociologie des sciences et des techniques
  • instrument de gouvernement