De l’instrument à la politique publique
En 2014, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lance le 1er portail d’open data ministériel, allant ainsi au-delà des obligations réglementaires. L’article étudie le déploiement de cette politique publique, à partir d’une analyse documentaire et d’une série d’entretiens, en s’intéressant aux stratégies mises en place pour mobiliser dans la transformation numérique de l’action publique une administration protectrice de ses données et très hiérarchisée. Les potentialités techniques du dispositif ont joué un rôle clef dans l’impulsion du projet, dans un contexte institutionnel et politique favorable aux initiatives d’ouverture des données. L’analyse met cependant à distance une lecture techno-déterministe qui postulerait une autonomie du changement technique, en soulignant le rôle moteur joué par des agents d’un département d’instrumentation technique, qu’on imaginerait théoriquement éloignés de la définition d’une politique ministérielle. En effet, les agents ont façonné l’identité du projet d’innovation en adaptant leurs arguments aux acteurs à intéresser le long de la hiérarchie ministérielle. L’analyse met ainsi en lumière une configuration d’éléments hétérogènes, un assemblage d’actants humains et non-humains, qui concourent à l’adoption finale de la politique publique.
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