De la « safe city » aux dispositifs numériques de sécurité urbaine

Par Raphaël Challier, Myrtille Picaud, Florent Castagnino
Français

Capteurs connectés, portiques biométriques, cartographie prédictive : les dispositifs numériques et l’intelligence artificielle sont de plus en plus nombreux dans le domaine de la sécurité. Ces nouvelles technologies de sécurité urbaine sont souvent présentées comme les briques de base des « safe cities », villes sûres. Cet article propose de se départir de cette terminologie industrielle, pour s’intéresser à l’action publique en matière de sécurité urbaine en mobilisant les outils traditionnels des sciences sociales ainsi que les apports des science and technology studies (STS). À rebours d’une vision plus techno-centrée, il insiste sur la diversité des acteurs publics et privés qui contribuent à ces politiques de sécurité urbaine, sur les luttes et les collaborations entre eux, ainsi que sur leurs pratiques ordinaires. Cette introduction propose d’abord une généalogie du cadrage de la « safe city », puis engage un dialogue critique avec les surveillance studies, en concevant la surveillance comme étant toujours encastrée dans les pratiques des acteurs sociaux, plutôt que comme un concept uniformément explicatif des rapports sociaux. Elle aborde ensuite les activités de sécurité urbaine à l’aune des questions liées à la numérisation du travail. Finalement, elle conclut sur les enjeux méthodologiques d’une telle démarche, régulièrement confrontée aux difficultés d’accès au terrain. En effet, ces technologies émergentes, au fonctionnement complexe, font l’objet d’une politisation croissante liée aux controverses sur la surveillance et au respect des libertés.

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