Apprendre, se divertir, résoudre des problèmes avec des vidéos de savoirs et de savoir-faire
À partir d’une enquête auprès de 5 002 internautes représentatifs de la population française de 15 ans et plus, cet article montre que le visionnage de vidéos de savoir et de savoir-faire (cuisine, bricolage, vulgarisation scientifique, développement personnel, etc.) constitue aujourd’hui une pratique numérique massive, – 80 % des enquêtés en regardent –, qui touche toutes les classes sociales et tous les âges. Certes, la consultation des vidéos reproduit les différences genrées (le tricot pour les femmes, la mécanique pour les hommes pour prendre les extrêmes des pôles traditionnellement féminin et masculin), mais tout se passe comme si les écarts selon le genre dans la consultation de vidéos étaient moins importants que dans les pratiques et révélaient une curiosité pour les pratiques de l’autre et une fluidification des frontières. Si les jeunes en consomment plus que les plus âgés et explorent un nombre plus varié de domaines, certains domaines sont privilégiés par les retraités, comme le jardinage et le bricolage. Loin d’une consommation passive ou imposée par les algorithmes, la consultation de ces vidéos s’inscrit dans des engagements durables, souvent articulés à un goût pour la pratique concernée, et dans des réseaux de sociabilités plus larges. Après avoir exploré le continuum entre savoirs pratiques et savoirs intellectuels, l’article identifie ensuite plusieurs univers de pratiques à partir des combinaisons de domaines visionnés, révélant une structuration thématique marquée par des porosités entre les domaines. L’articulation entre le visionnage des vidéos et la pratique elle-même montre comment la vidéo vient s’inscrire comme ressource dans la construction de savoirs et savoir-faire.
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