Les sociabilités privées et les pratiques numériques
Depuis une décennie, les recherches consacrées aux pratiques de sociabilité se sont largement centrées sur leur visibilité publique via les réseaux sociaux, reléguant souvent au second plan les communications dites « privées ». Or ces échanges discrets n’ont ni disparu ni faibli : portés par des outils anciens (téléphone, SMS, courriels, etc.) comme par l’essor des messageries contemporaines, ils se reconfigurent et multiplient les cercles intimes et les groupes situés à l’abri des regards. Ce texte revient d’abord sur le déploiement des usages de la notion de sociabilité et sur ses enjeux dans les travaux de sociologie et de sciences sociales à partir des années 1970, en soulignant sa portée opératoire pour saisir une diversité élargie de pratiques. Il met ensuite en évidence la centralité de cette notion dans l’étude des pratiques de communication et d’information associées au technologies numériques, pour en souligner l’actualité au cours des dix dernières années. Enfin, il explore plus spécifiquement trois pistes, de reconfigurations associées à la dimension « privée » des sociabilités contemporaines identifiables dans la littérature spécialisée : la perspective d’un (re)cloisonnement du numérique ; l’extension de la forme « groupe privé » associée aux applications de messagerie instantanée ; et la possibilité de pratiques de sociabilité liées aux usages des agents conversationnels.
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