Series policieres et strategies de programmation

Par François Jost
Français

Le réalisme, qui a revêtu de nombreux habits au cours de l’histoire, a fait retour une nouvelle fois avec les séries policières françaises (PJ, Police District, etc.). Sur quoi repose cette promesse marketing des chaînes et quel en serait le gain symbolique pour le téléspectateur ? La première réponse provient de la confrontation de la définition du réalisme selon les chaînes (telle qu’elle se dégage de leurs discours) et de l’étude des programmes. Il en ressort que ce prétendu mimétisme a moins pour fonction de faire connaître un monde à son spectateur (comme celui de Zola), de l’informer, que de le confirmer dans ses préoccupations quotidiennes. Il facilite d’abord la rapidité d’accès au monde imaginaire qu’est la fiction, son accessibilité. Une analyse des séries montre, en second lieu, que la différence entre les nouvelles séries et les séries classiques (Une Femme d’honneur, Navarro, Julie Lescaut) réside plutôt en une opposition entre deux modes mimétiques : les séries à mode mimétique bas (avec des héros égaux aux autres êtres humains et qui privilégient des groupes-héros : un commissariat) et les séries à mode mimétique élevé (qui mettent en scène des héros supérieurs en degré aux autres hommes). Ces deux modes, qui impliquent des relations différentes à l’espace et au temps, répondent à des stratégies de programmation différentes : stratégies de l’exemplum, de la fabula et de la feintise. Ainsi, certaines séries policières ont poursuivi sur le terrain de la fiction la promesse de quotidienneté des reality shows, sans pour autant battre en brèche cet appel du héros des séries à mode mimétique élevé, qui ont encore de beaux jours devant elles.

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