L'éleveur, le vautour et le journaliste
Résumé
Les « fausses » alertes sont parfois riches d’enseignement. Elles mettent en lumière des éléments explicatifs essentiels qui structurent profondément les contraintes qui pèsent sur leurs conditions de réussite. Cet article propose l’examen d’une alerte avortée portant sur des cas d’attaques de Vautours Fauves sur des animaux d’élevage vivant dans le département des Pyrénées Orientales. Il montre que la mise en échec de cette alerte est en partie le fait du format journalistique qui a prévalu à sa médiatisation. S’il est certain que l’une des causes de l’échec du lancement de l’alerte est liée à la forte emprise des savoirs naturalistes sur les représentations du vautour, cette étude de cas montre que la nature du média a également contribué à décrédibiliser la parole du lanceur d’alerte. Le fait divers n’a pas été propice au déclenchement de l’alerte car l’intentionnalité communicationnelle qui encadre les interactions entre l’éleveur, le journaliste et les lecteurs n’est pas parvenue à rendre vraisemblable l’existence d’un risque avéré.