Les téléconsultations en santé mentale

Dossier : La télémédecine en actes
Ou comment établir la relation psychothérapeutique à distance
Par Alexandre Mathieu-Fritz
Français

Les dispositifs de téléconsultation en santé mentale qui se développent sur Internet offrent des conditions d’interaction particulières contribuant à la transformation des pratiques et de la relation psychothérapeutiques. Le cadre physique et symbolique de cette relation est bouleversé, les conditions d’observabilité et d’audibilité mutuelles sont moins bonnes qu’en face-à-face, les praticiens éprouvent, de diverses manières, une impression de distance dans la relation au patient. Le nouveau cadre psychothérapeutique, du fait d’une plus grande ouverture, mais aussi des petits dysfonctionnements techniques qui surgissent lors des séances, rend les interactions plus fragiles – au sens où celles-ci peuvent être perturbées ou interrompues plus facilement qu’au cours du face-à-face se déroulant dans l’espace protégé du cabinet. Des efforts d’attention soutenus doivent aussi être développés pour capter les divers éléments d’information produits par le patient – qui se font plus rares lors des téléconsultations. Enfin, les intuitions cliniques se manifestent différemment et les praticiens doutent plus qu’à l’habitude de la qualité de leur jugement et de leurs hypothèses diagnostiques, ce qui les conduit à poser plus de questions et à laisser moins de place au silence et à son interprétation. Mais le fait même que les intuitions cliniques puissent se manifester lors des téléconsultations contribue à l’établissement d’une relation empathique et, partant, à la réalisation du travail psychothérapeutique à distance.

Mots-clés

  • télémédecine
  • téléconsultations
  • télépsychiatrie
  • santé mentale
  • psychothérapie
  • psychologue
  • artefact interactionnel
  • cadre et espace thérapeutiques
  • impression de distance
  • prises
  • attention accrue
  • « vrai boulot »
  • intuition clinique
  • empathie
  • attitude expérimentale
  • problème d’imputabilité des difficultés
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