De l’adoption au rejet d’un commun numérique pour transformer la frontière entre État et citoyens

Dossier : L’action publique au prisme de la gouvernementalité numérique
La trajectoire de la Base Adresse Nationale entre contribution citoyenne, autogouvernement et État-plateforme
Par Sébastien Shulz
Français

Encore peu de travaux de sciences politiques et de sociologie de l’État se sont penchés empiriquement sur la mise en place de communs numériques par des acteurs publics. Dans cet article, nous cherchons à combler cette aporie en prenant comme cas d’étude la Base Adresse Nationale (BAN). Cette base de données publique lancée en 2015 est présentée comme un commun numérique, ouvert à la contribution citoyenne, libre d’accès et gouverné démocratiquement par des acteurs publics, semi-privés et associatifs. Comment l’adoption de cette forme socio-technique inhabituelle dans l’administration s’opère-t-elle et que vient-elle déplacer à la frontière État/société ? Nous avons mené l’enquête à travers une série de vingt-trois entretiens, des observations de réunions de travail et l’analyse de littérature grise. Nos deux principaux résultats consistent à (1) expliquer l’adoption par l’action d’entrepreneurs de réforme dans un contexte d’incertitude technologique et (2) montrer que la forme du commun numérique – et en particulier la gouvernance partagée – a été abandonnée à l’arrivée d’une nouvelle majorité politique au profit d’une gestion plus souveraine, administrative et pro-marché de la BAN dans la perspective d’un État-plateforme.

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