L’enseignement disloqué

Varia
Ethnographie d’un cours universitaire en temps de pandémie
Par Marine Kneubühler
Français

Cet article présente l’ethnographie d’un enseignement universitaire délivré en co-modalité dans le contexte de la pandémie de coronavirus en Suisse romande. Il éclaire les modifications que ce contexte a fait subir aux configurations relationnelles et aux modalités d’interaction qui permettent habituellement de « faire classe » dans un cadre institutionnalisé. Pour ce faire, il propose une description détaillée des différents dispositifs matériels et techniques observés ainsi que leurs cadres de participation. L’analyse montre les effets de ces dispositifs sur la mise en présence des corps, leur perception et la mise en commun de leurs attentions afin d’examiner les multiples formes collectives prises par la classe d’enseignement au travers de différentes configurations. Partant d’une approche des médiations sociotechniques qui considère que toute situation est « disloquée », c’est-à-dire traversée par des éléments qui lui sont exogènes et la débordent, l’article montre que certaines dislocations ne permettent pas la transformation de l’enseignement universitaire en une expérience commune et véritablement éducative. Tout l’enjeu de l’enseignement disloqué consiste donc à garantir aux étudiants physiquement séparés une communication et une participation essentielles sans lesquelles la dislocation ne désignerait plus qu’un enseignement éclaté et écartelé sur le plan de l’expérience collective.

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