La télégraphie électrique connaît en France un vif essor entre 1850 et 1880. Elle se situe au meilleur niveau mondial, tant par l'importance de son réseau que par sa capacité à l'innovation. Il n'en est pas de même pour le téléphone. Un réseau médiocre et une dépendance quasi totale par rapport aux brevets étrangers, tel est le constat fait au tournant du XXe siècle. Afin d'expliquer cette situation contrastée, nous proposons de prendre en compte le télescopage de deux logiques : celle d'un groupe d'ingénieurs qui, par une pratique proche de ce que nous appelons aujourd'hui recherche et développement, va jouer un rôle décisif dans l'essor de la télégraphie ; celle, administrative, de la direction des postes qui va pousser à son terme le projet de fusion des administrations des postes et des télégraphes et réduire ce groupe d'ingénieurs à la portion congrue. La naissance de l'Ecole supérieure de télégraphie puis, dix ans plus tard, sa disparition au profit de l'Ecole professionnelle des P. et T. constituent les jalons de cet affrontement.