Classer et mesurer : les deux faces de l'argument statistique

Par Alain Desrosières
Français

Résumé

L'argument statistique et probabiliste occupe une place essentielle parmi les ressources permettant de construire et de communiquer la science. Son enracinement profond dans l'histoire des façons de penser les relations entre les hommes conditionne sa structure cognitive et son efficacité rhétorique lors de son usage dans des domaines variés de la connaissance et de l'action. Il peut être ou être vu comme un lieu d'interaction entre deux traditions de pratiques cognitives et sociales : la qualification et la quantification. La première, issue du droit, de la vie administrative, de la médecine, construit des classes d'équivalence, des catégories, et affecte des cas singuliers à celles-ci à travers des jugements, des décisions, des diagnostics ou des procédures de « codage social ». La seconde provient des techniques du nombre et de la mesure du temps, des positions des planètes et des étoiles, des terres, des populations. Ces deux traditions sont entremêlées : pour compter ou mesurer des objets, il faut les identifier et les qualifier au préalable, ou définir des étalons de mesure à partir de propriétés qualitatives.

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