Le cordon paternel. Des liens téléphoniques entre des pères « non gardiens » et leurs enfants

Par Christine Castelain-Meunier
Français

Résumé

Cette étude confirme le passage de la paternité institutionnelle à la paternité relationnelle. On étudie les relations téléphoniques entre 166 pères « non gardiens » et leurs enfants. Les pères ne possèdent pas la garde des enfants à égalité avec la mère, chez qui l'enfant réside. On fait état des particularités qui existent dans les échanges téléphoniques avec les enfants. Ceux-ci se soustraient au protocole de politesse, ou au contraire, s'y soumettent par jeu et mimétisme. Ils font preuve d'une grande authenticité et témoignent de la volonté de satisfaire leurs désirs immédiats. Ils se livrent à des activités concomitantes. Leurs réactions et attitudes sont fortement influencées par celles des adultes qui partagent leur espace privé. L'analyse des échanges téléphoniques père-enfant bouscule les représentations traditionnelles qui mettent en scène les hommes au téléphone. Les pères participent à la subjectivation de l'enfant dans une écoute privilégiée plus proche de l'animation et du repérage identitaire pour l'enfant, que l'autorité traditionnelle. Trois types de situations sont ainsi distinguées par les pères : celles qui se réfèrent au plaisir ; à la frustration ; à l'empêchement. Par delà cette distinction, peuvent s'exprimer des souffrances qui ammè- nent à comparer le téléphone à un « subtil instrument de torture » et qui transforment la paternité en « paternité virtuelle ». On est alors au cœur des contradictions, des difficultés et des tensions inhérentes - au passage de la paternité institutionnelle à la paternité relationnelle ou encore « empêchée » de l'être.

Voir l'article sur Persée